C’est ce que stipule une offre d’emploi d’un centre d’appels irlandais. Sur quoi, surenchérit la commission européenne, refuser un emploi à une personne fumeuse ne constitue pas une discrimination à l’embauche car : « La législation anti-discrimination européenne interdit la discrimination sur la base d'origines raciale, ethnique, d'un handicap, de l'âge de l'orientation sexuelle, de la religion et des croyances. »
Comme dirait Jacques (cf La Classe Américaine) nous le savons, la discrimination « c’est mal » mais un fumeur c’est pas comme un noir ou un pédé, car comme dirait Didier Super : « les noirs et les pédés c’est comme les pédophiles, y en a des biens ».
Pourquoi refuser d’employer des fumeurs ? Le patron irlandais se justifie selon l’argumentation suivante :
1) Fumer c’est mal
2) Les fumeurs prennent des pauses clopes et travaillent moins
3) Les fumeurs puent
4) Je vous emmerde je fais ce que je veux
Dans cet ère nouvelle d’aujourd’hui, l’anti-tabac est à la mode et c’est donc sous ce prétexte que cette discrimination, car c’est bien de discrimination qu’il s’agit, est acceptée d’un œil bienveillant par la masse et les institutions comme le fut l’extermination des juifs en son temps.
Car ce choix de sélection se base sur un raisonnement qui frôle l’hypocrisie et la contradiction, cancer de notre société moderne. En effet, si les campagnes anti-tabac que nous vivons au quotidien sont pleinement justifiées, celle-ci s’apparente à du fascisme pur et dur.
Un message sur mon paquet de cigarettes me dit que je vais en crever, devenir stérile, impuissant et que j’importune les non-fumeurs. Tout ceci est justifié car purement vrai. Ceci dit, rien ne m’empêche d’exercer dans les lieux autorisés mon droit de m’encrasser les poumons, c’est ce qu’on appelle la démocratie.
La cigarette est depuis peu interdite sur le lieu de travail, normal ça importune mes collègues et peut inciter les autres à consommer une drogue mortelle. Logique donc que ce soit interdit. La clope sera bientôt interdite dans les restaurants, ça c’est plus chiant pour les fumeurs mais pour les mêmes raisons énoncées précédemment, c’est défendable. Les pubs… bon là ça frise le ridicule mais ça reste cohérent, quoi que dans un monde parfait, cela devrait être au propriétaire de décider tant que la consommation est légale.
Mais refuser un job à une personne qui fume, c’est du racisme tout simplement. Car il ne s’agit pas ici de contraindre une personne à ne pas fumer sur son lieu de travail ou en présence de ses collègues non-fumeurs, mais tout simplement de refuser une personne sur un critère qui relève de ses mœurs et de sa vie privée, exactement comme si l’on refusait un poste à une personne en basant ce rejet sur ses pratiques sexuelles (pourtant elle ne baise pas sur son lieu de travail) ou de sa religion (pourtant elle ne prie pas pendant le travail).
Reprenons les arguments de ce staliniste de l’emploi :
1) Fumer c’est mal.
Certes, fumer c’est dangereux pour la santé. Comme l’est l’automobile, l’alcool, le cholestérol, les ultra-violets et maintes autres choses dangereuses pour la santé. Pourtant, il ne lui viendrait jamais à l’esprit de refuser l’embauche à un conducteur qui bois de la bière, mange du bacon et part aux iles Canaris se faire dorer la pilule tous les mois d’août.
2) Les fumeurs prennent des pauses clopes et travaillent moins
C’est pourquoi on peut interdire les pauses cigarettes à un fumeur – ou encore mieux (je frôle avec l’argumentation absolue) l’autoriser à fumer durant ses pauses (cf le code du travail). J’éviterais ici de citer Sciences et Vie expliquant que la nicotine augmente la capacité de concentration du cerveau humain… ah ben tient je l’ai fait, c’est ballot.
3) Les fumeurs puent (palme de la raison la plus abjecte du monde)
Malheureusement, un gros fumeur peut véhiculer une odeur désagréable de tabac froid, comme d’autres une odeur nauséabonde de transpiration, mauvaise haleine…etc.. ceci dit, et je m’excuse d’avoir à alimenter ce discours par des évidences aussi scandaleuses, on a inventé le savon, la lessive, le dentifrice, le déo…
4) Je vous emmerde je fais ce que je veux
Là par contre, que répondre à un principe de conduite qui a déjà fait la renommée de tant de dictateurs.
Ce qui est effroyable dans cette histoire, ce n’est pas qu’un abruti prenne les devants en détournant la loi, c’est que la commission européenne qui a eu vent de l’histoire après une plainte, se borne à la stupidité la plus souveraine de peur d’aller contre une tendance, qui elle-même relève de l’hypocrisie politique dont nous faisons quotidiennement les frais. Avec un brin de civisme et de bon vouloir, on peut comprendre le pourquoi du comment on s’attaque à la cigarette (fer de lance de l’économie américaine) plutôt qu’au beaujolais, au pastis ou au Picon de bière. D’ailleurs, comme le dira si bien Gérard Dubois, président de l'Alliance contre le tabac, qui regroupe 33 associations et organisations dont le Comité national contre le tabagisme. "Nous n'avons jamais demandé ça, c'est tout à fait inutile dans la lutte contre le tabagisme". Heureusement tout le monde n’est pas aussi anesthésié du bulbe que Bruxelles et même la Confédération européenne des syndicats s'est dite "préoccupée" par l'interprétation de la Commission européenne.
Malheureusement, si l'avocate spécialisée en Droit du travail, Maître Luciani Florence, a estimé sur LCI.fr que « toute mention excluant des catégories de personnes telles qu'ici les fumeurs, constituait au sens strict du terme une discrimination », elle ajoute tout de même qu' « une telle annonce ne la surprendrait cependant pas dans les années à venir en France. »
Il y a donc fort à parier que nos futurs CVs se devront, à défaut d’une photo, des origines ethniques, du statut marital, des tendances sexuelles, de spécifier si l’on est fumeur, si l’on mange bio, si l’on aime Patrick Fiori et si l’on porte des espadrilles en camping. Comme dirait Zidane, combattons le racisme sous toutes ses formes, même si pour cela il faut lui mettre un bon coup de boule.
Monde de merde…