Vous n’êtes pas sans savoir que la guerre fait rage en Suède entre les plus grands représentants de la cyber-piraterie et les plus grands représentants de l’industrie du disque. En effet, l’Ifpi (L'International Federation of Phonographic Industry) attaque The Pirate Bay en justice et par là-même leurs 22 millions d’utilisateurs pour avoir mis à disposition du public des œuvres protégées par la propriété intellectuelle.
A l’heure où le gouvernement Français tente de mettre en place la fameuse Riposte Graduée et Luc Besson étale sa science dans Le Monde, c’est donc un sujet de grande actualité qui semble presque autant intéresser les médias que la crise bancaire, la révolte Guadeloupéenne et les déportations Congolaises (et autres, j’en passe des pires et des meilleures).
Il y a d’abord les artistes violées comme Cindy Sanders qui accusaient les pirates d’avoir fait chuter les ventes de son single Papillon de Lumière (bande de chiens galeux, vous n’avez pas honte ?). C’est aujourd’hui
au tour de Larusso de s’indigner : « Rentrer en studio et faire une chanson, c’est mettre (...) nos vies entre parenthèses et de se donner à 2000%, alors si le remerciement c’est nous voler... ! Ca m’écœure, je trouve ça dramatique ! ».
Ne crois pas que je n’ai vu ton sourire narquois, petit lecteur moqueur. Peut-être penses-tu que personne ne pirate les albums de Larusso ? Détrompe-toi, elle l’explique sur OZAP :
«Et ce succès en demi-teinte alors, tu l'expliques comment ?
Je ne sais pas... je ne suis pas maître du système mais je pense que déjà en 2001, le marché du disque commençait à changer. Le téléchargement arrivait en masse. Après, je ne sais pas si cela explique tout. Je ne pense pas que ce deuxième album était mauvais et je n'avais pas pris beaucoup de risques. Les gens n'ont pas aimé, ils n'étaient pas au rendez-vous. »
Ah ! Tu le vois bien maintenant! Si Larusso n’a pas vendu son dernier album ce n’est pas parce qu’il était mauvais. C’est juste que les gens ne l’ont pas aimé, et que ceux qui l’ont aimé l’ont téléchargé au lieu de l’acheter. Ce qui tend à prouver que :
1) Larusso n’a qu’un public de pirates. Elle est donc totalement contre-productive en s’attaquant à eux de la sorte. A force de les insulter, elle pourrait les contrarier, se privant ainsi de sa base de fans les plus hardcore, s’en serait finit de sa carrière.
2) Les pirates ont des goûts de chiotte.
Il y a ensuite les artistes blasés, ceux qui pensent qu’ont aurait du foutre les pirates en taule il y a bien longtemps, que maintenant c’est trop tard, comme André Manoukian dans LePoint : « Je suis pour cette loi, mais elle arrive trop tard et ne servira à rien. Quand l'inventeur du format MP3 est venu voir les patrons de l'industrie musicale, ces derniers ont été assez bêtes pour lui tourner le dos au lieu d'acheter son brevet et de l'enterrer à Fort Knox. » (une belle vision du progrès).
Ceci dit, André Manoukian dont je suis un proche (je l’ai croisé 2 fois au marché des enfants rouges, ce type ne sort jamais sans une équipe télé qui le filme, la grande classe) n’est qu’un traître à la cause! Dans la même interview, il ose insinuer que la baisse des ventes de l’industrie du disque ne serait pas vraiment causée par la piraterie mais par les dirigeants qui seraient en gros, pour faire simple, de gros incompétents :
« le vrai problème de l'industrie musicale précède la piraterie en ligne. À l'origine, les grands patrons étaient des jazzmen comme Eddie Barclay, c'est-à-dire des gens qui avaient eux-mêmes suffisamment d'oreille musicale pour distinguer le bon grain musical de l'ivraie. À la fin des années 1980, ces gens-là ont été remplacés par des gestionnaires. Les actionnaires des maisons de disques sont devenus des fonds de pension américains. Ils ont dynamité l'industrie musicale ! »
Amis de la théorie du complot bonsoir ! Non mais franchement écoutez-le, n’importe quoi...
Heureusement que l’Etat veille au grain avec cette Riposte Graduée qui, comme l’assurait récemment encore notre très chère Ministre de la Culture, madame Christine Albanel, au parlement, est une bonne solution puisqu’elle est appliquée et fonctionne (baisse du piratage) en Nouvelle-Zélande.
Cependant, Keith Davidson, directeur général de InternetNZ ne semble pas vraiment d'accord, comme il l'explique sur computerworld à la suite du retrait par le gouvernement Néo Zélandais de la riposte graduée: « New Zealanders can breathe a sigh of relief that their internet access is no longer under threat due to unproven allegations of copyright infringement. Section 92A still needs to be fully repealed. It is disproportionate and unfit for purpose. »
Si tu ne parles pas anglais, ça dit en gros : « La Riposte Graduée c’est du caca, heureusement le gouvernement l’a retiré parce qu’en fait c’est n’importe quoi et c’est très dangereux pour les libertés civiles, les FAI et les internautes ».
Peut-être que la solution se trouve en Irlande, où comme en Chine, on a décidé de bloquer les méchants sites de piraterie à défaut de couper les accès internet des méchants pirates (ou des les tuer, chacun ses méthodes).
Et bien hier, The Pirate Bay a posté une lettre ouverte au patron de l’Ifpi acceptant une trêve pour rétablir la paix sur la toile. Les conditions ? Une indemnisation d’environ 50 millions d’euros versés sur un de leurs comptes en banque à l’étranger. La somme sera répartie de la manière suivante : 72% pour The Pirate Bay, 23% pour le bus, 15% pour les faux-frais.