A 4998km du pôle sud

 

La pluie continuant de tomber à foison sur la côte, je zappe tous mes points d'arrêts initiaux (comme les marécages de Haast qui ont servis pour tourner les marais des morts, sigh) et trace directement dans les montagnes où la tempête semble être bloquée.

Bonne intuition puisque j'atterris directement dans la vallée de Vanaka où il ne pleut quasiment jamais. J'en profite pour y passer la nuit. Le soir dans l'hôtel, je trouve une brochure pour une journée en jetboat le long de la rivière Matukituki. Comme j'ai de l'avance, je me dis que ça pourrait être cool.

 

Effectivement c'est cool. Je pars avec 2 maoris pour une ballade privée en direction du Mont Aspiring (la montagne enneigée qui sert au plan d'introduction des 2 tours). En chemin, nous passons près de collines familières, l'un des guides m'expliquent que c'est sur ces collines qu'a été tournée l'attaque des wargs sur les habitants du Rohan en exil.

 

Ci-dessus, la falaise depuis laquelle tombe Aragorn. Je verse une petite larme. Ci-dessous, le mont Aspiring et son imposant glacier  partiellement cachés par les nuages

 

Après quelques prières Maoris, les guides me racontent tout un tas de légendes et m'instruisent sur la flore et la faune. J'apprends que les "aigles géants" du Seigneur des Anneaux ne sont pas fictifs et vivaient bien dans cette vallée il y a 600 ans. Ils se nourrissaient de Moas, autruches géantes de 4m de haut, ce qui renforce d'autant plus mon sentiment d'être en Terres du Milieu. Malheureusement les Moas furent tous tués par les Maoris, impliquant l'extinction des Haast's Eagles.

 

Fin de la ballade, les guides me conseillent de ne pas repartir tout de suite et de faire une ballade le long du lac. J'écoute leur conseil et emprunte le chemin qu'ils m'indiquent.

 

Le soleil cogne, l'eau est d'une pureté incroyable. Je croise des lapins et des moutons. Un silence impressionnant règne, parfois troublé par le chant d'un oiseau.

 

J'en profite pour faire des photos genre "calendrier de la poste".

 

Le soir je quitte Vanaka et prends la route de Queenstown, ma destination initiale, capitale du saut à l'élastique et des sports extrêmes. Je dis adieu aux plaines du Rohan.

 

En passant le col, j'aperçois au loin le lac Wakatipu.

 

En s'approchant de Queenstown je bugue sur la vue. Je range la voiture sur le bas côté et prend une photo du panorama.

 

On dirait VRAIMENT la Comté... J'ouvre mon bouquin fétiche "Lord of the Ring Location Guidebook" acheté à Wellington, et oui effectivement, un plan du film a été shooté depuis cet exacte spot.

 

Du coup je fais une photo devant avec un air idiot comme 3000 cons de geeks dans la journée très certainement.

 

Beaucoup d'élevage de cerfs et de biches dans les environs. Cet animal à l'origine fut importé d'Ecosse par les colons histoire d'avoir des trucs à chasser dans les bois. Sans prédateur, l'espèce se multiplie et infeste les forêts au point de devenir un problème écologique. Le gouvernement demande aux soldats revenus d'Europe après la seconde guerre mondiale d'affronter ce nouvel ennemi. Les soldats ne sont pas cons, ils ont remarqué qu'en Allemagne, cette viande est très prisée. Du coup ils congèlent la barbaque chassée et la vendent aux allemands (ironie du sort, après les avoir tué, ils leur envoient de la bouffe). L'animal vient à manquer dans les forêts, les soldats décident d'en faire des élevages. Au début ils les capturent à l'hélicoptère (le pilote passe près d'un troupeau, un soldat saute de l'hélico et choppe un individu en lui tombant dessus, facile). Après un certain temps, ils remarquent que la technique est bourrine et relativement dangereuse, ils inventent alors le fusil à filet et commencent des élevages.

 

J'arrive à Queenstown, il est 8h15.

 

Le soleil se couche. A quelques mètres de là, une sono géante passe du Daft Punk. Ça ressort pas très bien sur les photos.

 

Le lendemain je visite Queenstown et grimpe dans le télécabine au prix exorbitant. La vue est spectaculaire.

 

Je suis à moins de 5000 kilomètres du pôle sud, et pourtant il fait un temps splendide.

 

Le soleil filtre à travers la forêt de sapins. Je n'en ai jamais vu d'aussi grands. A croire que tout pousse à l'échelle supérieure ici. L'après midi, je fais une ballade en Kayak sur le lac en compagnie de Francesca, bio-chimiste italienne vivant à Amsterdam, et Païvi, une finlandaise immigrée à Queenstown depuis 2 mois. Notre guide s'appelle sam, il est passé à la télé récemment du coup tout le monde le connait. Il nous raconte qu'il a fait parti des cavaliers Rohirims dans Le retour du roi et nous décrit les scènes où on peut le voir, total respect. Nous faisons une photo de groupe.

 

Il nous amène sur Pigeon Island, une île protégée, royaume d'un weka à plumes claires dont l'espèce avaient complètement été éradiquée de Nouvelle Zélande et réintroduit sur cette île à partir de survivants sur une île du pacifique. Je le kiffe encore plus que les autres.

 

Pour terminer, une courte vidéo featuring le jetboat, Queenstown et le weka de Pigeon Island.

New Zealand south island
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Pendant ce temps à 16 376 km de Paris

Le voyage se poursuit tranquillement au travers du détroit de Cook. Périple de 3 heures à bord d'un gros ferry reliant Wellington à Picton. On m'avait vendu une mer déchainée, des vents violents, des baleines et des dauphins. Finalement la mer était calme, une petite brise rendait le soleil supportable et à défaut de voir des mammifères marins j'ai regardé la télé dans le bar.

 

L'arrivée dans l'East Bay en longeant les côtes d'Arapawa island est cependant assez spectaculaire.

L'eau est excessivement bleue, les arbres excessivement verts, des tas d'oiseaux passent au dessus de nos têtes. On se croirait dans une carte postale géante. Quelques pêcheurs ont construit leur maison sur les rives bien qu'il n'y ait aucune route aux alentours. La plupart ne se déplacent qu'en bateau, certains ont leur télésiège privé pour remonter les collines.

A l'arrivée, je partage une navette avec un vieil autrichien d'environ 70 ans qui voyage seul et enchaîne les randonnées. Je l'avais déjà aperçu au Tongariro National Park (Mordor), nous discutons un peu, il habite L.A. depuis 20 ans. Je me demande si ce n'est pas le père de Schwarzy.

 

Arrivé à Nelson, je marche sur la plage et trempe les pieds dans la mer de Tasmanie en assumant pleinement ma dégaine de touriste. Des français font du kitesurf, je leur parle en allemand "Gut Kreïst ust ust !"

 

Marre de croiser des touristes et d'écouter la meuf du GPS, je sors de la route censée m'amener sur la côte ouest et part me perdre dans la nature. Le soleil se couche, plus aucun signe de vie, je décide de m'arrêter au hasard dans un bled paumé au milieu de nul part, Tapawara. Je suis accueilli par un kiwi qui sent bon le terroir. Il me file sa plus belle chambre à un prix dérisoire. Je capte 2 chaînes de télé,  il y a 11 araignées et 4 moustiques dans la chambre, pour manger j'ai le choix entre le pub et le pub (le seul autre bâtiment du village avec le supermarché / station service).

 

En chemin, le soleil inonde le pré voisin d'une luminosité fabuleuse comme on a rarement l'occasion d'en voir. Me revoilà transporté dans la Comté. Je remarque qu'il y a aussi un musé dans une cabane en bois (???). Je m'installe dans le pub avec 2 routiers. Le patron affalé devant la télé se lève péniblement pour me servir une pinte avant de retourner s'assoir. J'ai vraiment le sentiment d'être au bout du monde. Je mange un steak et rentre.

 

Le lendemain sur la route, je m'arrête voir une colonie de phoques. En revenant sur le parking, je trouve un weka menant une lutte sans merci contre le pneu de ma voiture. Je veux en adopter un. Je remarque que je suis à 16 376 km de chez moi.

Je descends la côte ouest balayée par un vent violent. Ce côté de l'île est arrosé en permanence et la végétation y est luxuriante malgré la très basse latitude.

 

A chaque fois que je m'arrête sur le bord de la route pour admirer le paysage, un weka vient me voir. Cet oiseau incapable de voler, qui n'existe principalement que sur l'île du sud de la Nouvelle Zélande n'a eu aucun prédateur terrestre pendant des milliers (millions?) d'années (jusqu'à l'arrivée de l'homme quoi) et n'a peur que de ce qui vole (principalement les faucons). De fait, il s'approche par curiosité de tout ce qu'il rencontre, que ce soit un homme, un chien affamé, une voiture roulant à 100km/h.

 

Autant de connerie dans un animal si étrange le rend particulièrement touchant. J'ai de plus en plus envie d'en ramener un à la maison.

J'arrive à Punakaiki et ses étranges Pancake Rocks, une formation géologique inexpliquée assez remarquable. On y trouve également des Blow Holes, geysers créés par les courants marins.

 

Je discute avec un allemand fan du seigneur des anneaux qui fait exactement le même trajet que moi mais en sens inverse. Nous discutons de ce que nous avons vu et de ce qu'il nous reste à voir. Le soleil se couche, je décide de traverser la forêt pour aller sur la plage.

 

La taille des arbres ici est hallucinante, je n'ose imaginer quels âges ils peuvent avoir.

 

Le lendemain je continue jusqu'au glacier de Franz Josef, l'un des très rares glaciers au monde à descendre quasiment jusqu'au niveau de la mer. Les chutes d'eau sont nombreuses et vertigineuses. C'est là que certaines scènes de King Kong ont été tournées.

Où est Charlie ?

 

Malgré sa très basse altitude et le retrait général des glaciers causé par le réchauffement climatique, celui-ci grandit chaque année, confirmant que dans ce pays, la nature fait plus ou moins ce qu'elle veut. C'est ici également qu'a été tourné le premier allumage des feux de détresse dans Le retour du roi.

 

La météo se dégrade, j'abandonne l'idée d'escalader le glacier et continue vers le sud en direction des montagnes.