L’association Droits des non-fumeurs a fait réaliser une nouvelle campagne de lutte contre le tabagisme. Malheureusement celle-ci n’est pas du goût de tout le monde et suscite beaucoup de réactions. Voyez plutôt :
La secrétaire d'Etat à la famille Nadine Morano, garante de la moralité française, déteste tout particulièrement ces images et slogans qu’elle juge beaucoup trop connotées sexuellement et donc inappropriées. "On peut choquer sur le tabac, cela ne me dérange pas, mais il y a d'autres campagnes à faire que cela", a-t'elle expliqué au micro de RMC.
Travaillant dans la communication et le marketing, je n’ai pu m’empêcher de porter un œil professionnel sur cette campagne. Après une longue réflexion, mon sentiment est que ces visuels sont trop décalés, créant une gêne dans le cerveau reptilien de l’observateur qui se traduit ensuite par de la colère face à l’invasion du moi profond par un message impudique.
A mon sens, cela manque cruellement de subtilité. Ces affiches auraient été beaucoup plus efficaces, et moralement plus acceptables, comme cela par exemple :
On saisit tout de suite mieux l’image de la pipe initialement employée, garantissant ainsi que tout le monde comprennent bien de quoi on parle.
D'un autre côté, l’association Droits des non-fumeurs se défend en affirmant que ces images servent à véhiculer le message que "fumer n’est pas une émancipation mais une soumission et une dépendance".
Il est vrai qu’un jeune, à genoux devant un homme mûr, le visage près de son phallus, est une image des plus explicites en termes de soumission. Quelles que soient les circonstances du cliché, qui pourrait bien se sentir à l’aise dans cette situation ?
Il s’agissait avant tout de "réagir à l'indifférence désespérante des jeunes à l'égard des discours anti-tabac" et "rompre avec la tiédeur des campagnes préventives" affirme Gérard Audureau, Président de DNF. La campagne a été mise au point après une enquête auprès de lycéens qui a donné, selon lui , "des réponses très favorables".
Travaillant dans la communication et le marketing, je n’ai pu m’empêcher de porter un œil professionnel sur cette enquête. Après une longue réflexion, mon sentiment est que si ça marche auprès des jeunes, on aurait tort de ne pas en profiter.
Mais ne risquons-nous pas de perdre l’essence même du message ? Difficile à dire. Après tout le jeune a souvent du mal à se concentrer, à focaliser son attention sur un sujet précis. Tiens, y a un pingouin dans Alien VS Predator sur M6. J’aime bien les pingouins, je les trouve rigolos.
Si le concept s’avère avéré, on pourrait même songer à le décliner pour d’autres campagnes de prévention de santé publique.
Mais peut-on exploiter la souffrance sexuelle pour prévenir d’autres souffrances ? Ce n’est pas l’avis de tous.
"C'est cruel et déplacé : a-t-on pensé à la réaction d'une victime de sévices sexuels face à cette affiche ?" renchérit Christiane Ruel, présidente d'Enfance et Partage.
Et on est en droit de se poser franchement la question. C’est pas un peu abusé que les Aliens soient rencardés au rang de proies pour les chasseurs Prédators ? Perso, je trouve qu’ils se font buter un peu facilement… en vrai je ne suis pas sûr que ça se passe comme ça, enfin bon.
Mais pour revenir sur le sujet, je vous pose la question :